L’accès aux justes soins dentaires des personnes dépendantes

by | 2 Juil 2020

Assistante qui tient la main du patient dans le cabinet dentaire mobile

Le juste soin est un concept qui permet d’adapter à l’écosystème médical du patient, les soins bucco-dentaires jugés nécessaires par le dentiste. La constante nécessité d’évaluer le rapport risques / bénéfices des soins bucco-dentaires est déontologiquement laissée au jugement du dentiste. Cependant, dans le cadre particulier d’exercice en institutions, le jugement du dentiste doit plus que jamais tenir compte de l’état de santé physique et mental du patient (« le projet de vie du patient »), de l’avis du personnel soignant qui l’entoure et souvent de l’avis de sa famille. Le juste soin ne doit pas être imposé par une limitation technique ou logistique depuis que l’existence d’unités de soins mobiles permet la réalisation optimale de soins bucco-dentaires chez la personne âgée vivant en MRS, ou chez la personne handicapée en foyer.

Si l’élimination des foyers infectieux est une nécessité médicale de tout premier ordre, l’objectif prioritaire de la prise en charge de la santé orale des résidents est d’assainir la cavité buccale. Ainsi, l’élimination de la plaque bactérienne, du tartre des dents naturelles comme des dents prothétiques pourra éviter l’inflammation gingivale et/ ou parodontale (inflammation des tissus de soutien de la dent). L’INAMI affirme dans ses différents rapports (2011 et 2014) que les personnes âgées institutionnalisées présentent un risque élevé de pathologies bucco-dentaires pouvant retentir sur leur santé générale.

Dans le cadre du juste soin, rétablir la fonction et améliorer le confort du patient par des extractions, des restaurations conservatrices ou prothétiques reste possible, en tenant compte de :

  • l’état de santé général du résident impliquant d’éventuelles contre-indications à certains actes (biphosphonates …) ;
  • la plus grande fatigabilité limitant les possibilités de soins dentaires longs ;
  • la diminution des capacités cognitives ;
  • l’obtention d’un consentement éclairé (qui doit parfois être obtenu d’un tiers) ;
  • l’absence de bénéfice d’un acte qui n’est pas reconnu par le patient comme bienfaisant ;
  • l’absence de motivation, le refus de soin.

Les dépistages bucco-dentaires réalisés au sein des établissements, s’inscrivent dans un plan global de prévention qui comporte aussi la formation des personnels et la sensibilisation des patients et de leurs familles. Le dépistage doit permettre de fournir au résident et à l’établissement un dossier bucco-dentaire complet à verser au dossier médical du patient (avec éventuellement des préconisations de soins). Le dépistage permet également de recommander un protocole de soins d’hygiène bucco-dentaire personnalisé à la situation clinique du résident.

La direction et le personnel encadrant de l’institution doivent alors s’engager à soutenir le personnel soignant  dans la mise en place d’un programme de santé bucco-dentaire, totalement intégré au projet de soins généraux.

Dr Simon Benoliel
DDS Paris

0 Comments

Partager cet article